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Sur la route de la soie...
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9 avril 2007

10 trucs pour une scolarité réussie (J. Lemieux)

Compte-rendu de la conférence de Johanne Lemieux.

Louvain-la-Neuve, le 30 mars 2007.

10 trucs pour une scolarité réussie.

L’entrée à l’école sera le vrai test de l’enfant adopté.

Jusque là, on lui demandait d’être heureux.

Maintenant, on va lui de mander de faire, de produire.

La première responsabilité des parents adoptifs c’est d’adopter sur base de connaissances plus que sur base de croyances.

C’est pour cela que nous sommes ici ce soir.

Comme tous les parents, les parents adoptifs émettent le désir au début de leur procédure d’avoir un enfant « normal » : le modèle de base (2 mains, 2 jambes, 2 yeux, 1 bouche…) avec le moins d’options supplémentaires possibles.

Mais l’enfant adopté a déjà une option supplémentaire au modèle de base : il a été séparé de sa première maman.  La plupart de ces enfants effectuent un bon processus de résilience, mais il en reste des cicatrices.

Notamment l’idée que c’est lui qui a fait quelque chose pour que sa mère l’abandonne. (badbabysyndrom).  Le premier geste d’un bébé est de « kidnapper » sa mère affectivement afin qu’elle assure sa survie.  L’enfant adopté a échoué dans cette première tâche de survie.  Il va donc mettre une énergie folle à réussir ses autres tâches.  Il va aussi avoir peur de l’échec, de ne pas être à la hauteur.

Ce n’est jamais la faute du bébé humain, mais c’est toujours ce qu’il conclut.

Il faudra souvent lui rappeler que cet abandon n’est pas de sa faute.

La 2e option de l’enfant adopté, c’est qu’il présente 4 fois plus de problèmes d’apprentissage que les autres.

Troubles d’apprentissage chez 4 à 7% des enfants non adoptés, chez 20 à 30% des adoptés (cela fait quand même 70 à 80% sans aucun problème !!!).

Cela ne veut pas dire qu’il faut angoisser à l’avance.  Mais il faut garder cela à l’esprit pour trouver la vraie nature d’un problème.

EX : l’enfant semble se moquer complètement de l’école, de son travail… mais en fait il ne comprend pas et le cache sous une attitude désinvolte.  Donc avant de coller trop vite une étiquette « paresseux », il faut chercher la vraie cause…

La 3e option de l’enfant adopté : il est souvent d’une ethnie différente.  Soit il veut se fondre dans le groupe, soit ce signe distinctif en fait la mascotte du groupe (cfr truc7)

La 4e option de l’enfant adopté : son âge développemental diffère de son âge chronologique.

L’enfant adopté va rattraper à une vitesse incroyable tout son retard (taille, poids, langage, …) SAUF la maturité affective.  Ce qui est différent des capacités intellectuelles.

Ainsi l’enfant pourra se voir attribuer des troubles de l’attention alors qu’il a juste un retard de maturité affective.  Malgré ses 5 ans, il a encore envie de beaucoup jouer, de bouger… D’où l’importance de faire un bilan complet.

Cela prend beaucoup de temps de combler ce retard.  On peut envisager de retarder l’entrée à l’école (primaire, voire secondaire) pour laisser le temps à l’enfant de rattraper ce retard à son rythme.

Ce n’est pas une tare, c’est une réalité qui doit être respectée !  Cela laisse plus de temps à l’enfant d’aller au bout de son potentiel plus tard.

1.  Faire un cours de base sur l’adoption à l’instituteur de son enfant.

Le prof ne sait pas naturellement ce que c’est un enfant adopté avec ses progrès, ses souffrances…

Inutile de le laisser patauger seul face à ses difficultés, si on a la clé pour l’aider à aider notre enfant.

Cela ne signifie pas non plus coller une étiquette « enfant à problème ».  Il s’agit plutôt de faire la liste des solutions qui marchent plutôt que des problèmes.

L’enfant va tester la solidité du nouveau capitaine du navire : puis-je faire confiance à ce prof ?

Le prof devra se montrer solide (comme les parents), digne de confiance.  Il doit rester maître à bord.  Sinon, c’est l’enfant qui prendra le commandement du bateau…

2.  Faire le ménage dans sa propre histoire scolaire.

Ne pas projeter mes peurs, mes espoirs, mes bonheurs scolaires sur mon enfant.

Quand un enfant naît, il place dans le champs de la relation ses besoins et ses ressources.  Ses parents mettent aussi leurs besoins et leurs ressources dans le champs, mais ils y enfouissent en plus, toutes leurs mines personnelles (blessures, fragilités, …)

En grandissant, les enfants vont « marcher » sur ses mines et les faire exploser.

« Les enfants existent pour finir d’élever leurs parent ».

Pendant l’agrément, on recherche des parents avec plus de ressources que de mines (un champs sans mine n’existe pas).

Dans la cas de l’adoption, les enfants aussi arrivent avec leurs mines.

C’est pourquoi nous devons identifier nos mines scolaires car les enfants les feront exploser à leur entrée à l’école . 

Les parents veulent souvent +, mieux pour leur enfant.

Le degré d’attente du parent par rapport à son enfant influence directement le degré de satisfaction de l’enfant.  Cela peut créer un bien-être ou une souffrance.

Il faut prendre l’enfant tel qu’il est plutôt que tel qu’on voudrait qu’il soit.

3.  Connaître le contenu du cerveau.

Seulement 20% des connections (le « réseautage ») du cerveau d’un bébé sont établies.  Les 80 autres % vont se connecter après sa naissance.  Cela dépendra de 4 facteurs :

1)  la quantité et la qualité de matière neurologique.  Cela dépend de 3 choses :

         -  la nutrition de la mère pendant la grossesse

         -  les contaminants (alcool, tabac, … mais aussi inhalation de matières toxiques comme les plastiques) qu’a absorbés la mère durant sa grossesse

         -  le stress de la mère : la sécrétion de cortisone diminue le poids de naissance.

2)  la quantité et la qualité des stimulis sensoriels (surtout entre 0 et 3 ans).

Sans stimulation extérieure, sans activation, les neurones ne se connecteront pas.  C’est la quantité de connections qui fait grossir le cerveau.  Au plus il y a de connections, au plus l’information circule vite, au plus le cerveau est performant.

3)  la quantité d’encouragement reçus.

Un enfant ne va apprendre que si un adulte l’y encourage, s’extasie sur ses progrès, le félicite…

4)  l’enfant a-t-il été témoin de stress importants ?

Un enfant est plus traumatisé d’assister à un événement traumatisant qu’à le subir.

Ces stress peuvent être d’origine internes (rester ds un lange souillé sans qu’on vienne le changer, avoir faim,…) ou externes (entendre les autres enfants qui meurent de froid, voir sa mère battue, …).

Ces enfants sont tous des survivants.  Il faut le leur dire car c’est très utile pour l’estime de soi.

4.  Consulter un pro de l’adoption pour poser un diagnostic différentiel.

Il ne faut pas confondre problèmes symptomatiques et problème principal.

Vu le vécu particulier de l’enfant adopté, il faut d’abord vérifier :

a)  où en est l’enfant dans son processus d’attachement ?

80% des troubles d’attachement ont les mêmes symptômes que les troubles de l’attention.

b)  l’enfant souffre-t-il de symptômes post-traumatiques ?

Cela entraîne parfois des stratégies pour éviter des pensées intrusives.  Ex : tics, angoisses, …

c)  Y a-t-il une atteinte neurologique ?

Voir truc 3 : le cerveau est-il physiquement bien « réseauté » ?

5.  Syndrome du 747

Nous avons sous les yeux un magnifique avion avec une splendide carlingue de 747.  Vol parfait.  Soudain c’est le crash.  L’avion avait de tout petits moteurs de cessna (retards cognitifs ou émotionnels)…

Par crainte d’un rejet, d’un nouvel abandon, l’enfant se montre parfait : il fait tout ce qu’on lui demande, ne se révolte jamais, ne proteste pas.  Et puis c’est l’échec scolaire en pleine scolarité…

La pression est certes parfois externe (parents), mais parfois, c’est l’enfant tout seul qui se la met.

L’enfant n’arrive pas à distinguer ce qu’il est de ce qu’il fait.  Les parents aussi doivent veiller aux mots qu’ils utilisent : je t’aime quoi qu’il arrive pour ce que tu ES.  Je suis déçu, en colère… parce que tu as fait ceci ou cela.

Or à l’école, ce sont les performances qu’on évalue…

Les enfants ont souvent honte d’eux-mêmes : je suis moins bon, moins bien que les autres.  Un « bon » parent lui dira : ce n’est pas toi qui es mauvais, mais ce que tu as fait.

La honte est différente de la culpabilité.  La culpabilité est saine : elle vise ce qu’on a fait et permet de le corriger, améliorer…

Honte = être / culpabilité = faire

6.  Estime de soi fragilisée.

La crainte est toujours présente d’être à nouveau abandonné s’ils font ceci ou cela…

Là encore, les parents doivent être attentifs aux mots qu’ils utilisent.  Il faut redire que ce n’est jamais la faute d’un bébé s’il a été abandonné… (cfr ci-dessus).

Veiller à ,e pas réactiver cette crainte du 1er échec…

7.  Syndrome de la mascotte

L’enfant adopté est « mignon », attire les regards, la curiosité, une « sympathie »…

Il devient la mascotte du groupe ou un objet de fascination.

Il faut fuir les adultes de ce genre et a fortiori ces profs (celui qui « veut avoir le petit Chinois ds sa classe »).

En grandissant, cela exaspère l’enfant qui veut se fondre dans le groupe.

8.  Questions idiotes/racisme

« Tu as coûté combien ? »

« Où est ta vraie maman ?  Pourquoi elle t’a pas gardé ? »

Ces questions reflètent une crainte, une préoccupation des enfants qui les posent.  Ils réalisent que certains parents abandonnent leurs enfants.  Est-ce que ça pourrait aussi leur arriver ?

Il faut expliquer cela aux enfants adoptés.

Il faut aussi les préparer à ces questions et les entraîner à y répondre.

C’est le moment de leur rappeler que eux sont des survivants (pas les autres).

Les parents ne doivent pas se laisser troubler ; ils doivent rester solides, protecteurs.

Il ne faut pas renverser les rôles et en arriver à ce que l’enfant ne dise plus rien pour « protéger » ses parents.

9.  Obligation de moyens, PAS de résultats

On a le devoir d’assurer des conditions correctes d’apprentissage, mais pas celui d’obtenir de bons résultats.

Risque que l’évaluation des performances de l’enfant devienne l’évaluation de nos performances de parents.

Garder cela à l’esprit permet de mettre moins de pression sur les enfants et de prendre le recul nécessaire pour mieux voir l’enfant.

10.  Bulletin

Bien distinguer l’Etre du Faire.

Attention au non-verbal quand on lit le bulletin.

Ne pas faire de la réussite scolaire une obsession.

Le lien d’attachement est un câble invisible qui relie le cerveau droit des parents au cerveau droit de l’enfant.  Ce lien remplace le cordon ombilical.

Il ne faut pas défaire ce lien à l’entrée à l’école.

Il faut conserver ce lien d’attachement indispensable au sentiment de sécurité et conserver l’estime de soi de l’enfant indispensable à son sentiment de bonheur.

Ne pas faire de la réussite scolaire une obsession.

Questions/réponses.

1.  Quid en cas de redoublement ?

On ne double pas, on ne recommence pas une année, on la « continue » !

Utile en cas d’immaturité affective et de retard cognitif.

Bien expliquer qu’au moment du départ de la course, l’enfant est parti avec x mètres de retard.  Et on lui demande d’arriver en même temps que les autres.  Pas juste.  Donc on lui donne plus de temps…

2.  Ado et décrochage scolaire.

85% des ados sont des jeunes un peu bizarres, mais qui vont bien !

Vérifier par un bilan pluridisciplinaire (cfr truc 4) la vraie nature du problème.

Discuter : dire ses erreurs (« je ne suis pas un parent parfait ») et envisager ensemble ce qu’on pourrait faire.

3.  Rôle du prof

Avoir une approche systémique de toute l’équipe : adopter la même attitude avec l’enfant.

Avoir des ressources à proposer aux parents et les y renvoyer.

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